lundi 30 mars 2009

Souvenirs et douceurs d’Italie


Avec le printemps s’ouvre classiquement la saison cycliste en Italie. Dans cette mère patrie du cyclisme qui chéri encore quelque peu ses élites, les éléments s’enchainent rapidement à tous les échelons. Avec du très haut de gamme lors de la Primavera, qui une fois sur deux offre aux sprinters le loisir de s’exprimer sur la Via Roma de Sanremo. C’est bien là tout l’intérêt de cette course dont la tension sur les trente derniers kilomètres est extrême et l’équation à résoudre généralement hors de portée tant les velléités sont nombreuses. Le Cancellara « fuoriclasse » ayant trouvé la porte de sortie en 2008.

La côte Adriatique offre l’occasion de baigner dans cette ambiance et de profiter d’une température clémente dans un milieu favorisant les sorties. Les propositions sont nombreuses de ce côté de l’Italie.

La réunion des modernes et des anciens est bien présente ici à Riccione qui accueille traditionnellement, deux jours après la Primavera, une riche caravane pour la Semaine Internationale Coppi-Bartali. C’est donc le grand bain populaire de coureurs immergés dans les hôtels et les rues de la ville. C’est aussi l’occasion de voir les mécanos à l’ouvrage, doux euphémisme tant les vélos sont parfois en pièces détachées, préparer à la fois les vélos pour l’étape en ligne du mardi matin et ceux, profilés pour l’étape chronométrée de l’après-midi.

Cris et chuchotements

Dans cette liesse populaire s’échinent quelques commissaires UCI à vérifier, un à un, les cotes des vélos pour l’étape chronométrée. Si les règlements de l’UCI sont précis, leur application est ici bien plus approximative. Trois marques de couleur sur une barrière de sécurité à deux pas du podium de départ suffisent aux commissaires pour déterminer la conformité du recul de selle et de la distance du guidon plat. La taille avouée oralement par le coureur et la moue parfois dubitative du commissaire suffiront à contourner les dépassements. On semble très flexible, comme on l’est sur le profil aérodynamique des guidons dont on sait qu’ils sont quasiment tous non conformes. A ma remarque sur ce sujet, le commissaire rétorquera que ces guidons sont dans le commerce… On est bien loin du temps où les commissaires UCS scrutaient au départ de courses sans importance la couleur de nos socquettes.

Ces moments de proximité sont aussi l‘occasion d’observer la simplicité et la courtoisie d’un Cancellara, aussi impressionnant que détendu au départ de l’épreuve chronométrée malgré la rudesse d’un ciel bas et pluvieux.

Le stage ici ne saurait se faire sans l’assistance des guides que propose notre structure ici à l’hôtel. Oreste est l’exemple parfait de ce type d’ex coureur élite au physique irréprochable, un peu plus de la trentaine, qui non seulement sait comment mener son groupe avec le tempo adéquat sur toutes les collines des terres romagnoles des Malatesta, mais qui connaît aussi toutes les arcanes d’un jeu qui consiste à tirer le meilleur de vous même pour une satisfaction maximale.

Enfin, c’est aussi l’occasion de bavarder des dérives auxquelles le mouvement Gran Fondo (les cyclosportives italiennes) est désormais confronté. Structuré comme nulle part ailleurs, championnats régionaux, nationaux, les compétitions de Gran Fondo sont devenues un terrain de compétition où sont investis des gros moyens par des firmes qui trouvent d’avantage d’échos par l’effet de masse de ces compétitions. A voir la moyenne des premiers, souvent plus de 35 km/h, pour des parcours très vallonnés en disent long sur le niveau de ces courses. Jeunes coureurs obtenant de meilleures conditions que dans des teams pros, émigrés, souvent russes, en recherche de notoriété, ou encore ex pro sans contrat garnissent le haut des classements. Oreste m’avouera autour d’un « cappuccio» que l’essentiel des gains des coureurs qui veulent jouer la gagne sont investis dans les produits interdits, deux de ses équipiers ont été récemment suspendus pour deux ans. Sa passion n’est pas ébranlée pour autant, Oreste a seulement mis un frein à ses participations aux compétitions. Son métier de physiothérapeute et sa contribution au développement d'un système ergométrique pour une position idéale sur le vélo suffisent à son bonheur, et au nôtre. Dolce Italia !

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