lundi 18 mai 2009

Technique : Chacun cherche son vélo


Si l’allusion faite au film de Klapisch est volontairement provocatrice, elle n’est pas totalement fortuite. Dans ce qui nous occupe, la démarche de celui qui cherche à faire l'acquisition d'un vélo est personnelle et ignore toute forme d'altruisme. Néanmoins, on peut se poser la question.

Lorsque l’on regarde à quel point l’offre est aujourd’hui pléthorique, force est de constater que tout est fait pour que l'étendue des propositions dépasse la demande. Car comment expliquer les multiples hésitations des acheteurs, l’abondance des courriers des lecteurs dans les magazines spécialisés, les nombreuses annonces sur les sites de reventes, le butinage que font certains acheteurs dans les magasins virtuelles ou réels sans compter tous les charlatans du domaine qui vantent tantôt le titane, tantôt le carbone avec un discours qui ne recoupe à aucun moment le besoin.

D’ailleurs ce besoin est-il convenablement exprimé et comment faudrait-il le faire. Mais l’achat d’un vélo reste encore pour beaucoup d’entre un nous un achat émotionnel où la subjectivité est le principal moteur. On le sait précisément, dans tout achat qui implique une relation affective, la part d’émotion est forte.

Si de ce constat naît une contradiction, nous ne serions être hommes sans contradictions, comment expliquer alors qu’après avoir tant peser les pour et les contre, le rouge contre le noir, le métal contre le composite, le campa contre son homologue japonais, le profil ovoïde contre le carré-oval (je n’invente pas), la fibre de carbone haut-module et son rapport rigidité-poids, vertu hautement cardinale, pour ne citer que quelques uns des critères les plus représentatifs qui caractérisent une partie d’un vélo, à savoir son cadre, autrement dit son squelette. Oui comment expliquer autant de difficultés à se déterminer.

Technologie "über alles"

Il est d’ailleurs fort intéressant de constater qu’à un moment, qui n’est pas si ancien que cela, période où l’acier et l’aluminium se concurrençaient, on se préoccupait davantage de la position du coursier et de l’ergonomie du pilotage que des matériaux à proprement parler. Le débat technologique actuel ayant totalement occulté cette préoccupation pourtant hautement prioritaire.

La technique, je dirais même plus (sic), la technologie ayant tout envahi, l’intérêt s’est déplacé d’autant. En s’attaquant au plus important, le poids, les évolutions monopolisent l’attention du plus grand nombre, fabricants, fournisseurs, publicitaires, produits dérivés et finalement le client.

Une "petite reine" qui n’en est plus

Si on attribue généralement l’expression à une jeune reine hollandaise utilisatrice émancipée d’un vélocipède, on peut se dire qu’au prix où sont les vélos aujourd’hui, cette origine royale prend tout son sens. La technologie a un prix que la raison ignore mais que seule la passion consent.

Pour cette raison et vraisemblablement pour d’autres encore, il serait de bon ton que les constructeurs s’imposent des normes en la matière. C’est à dire des critères sur lesquels il serait possible de juger avec davantage d’objectivité que ce que certains magazines spécialisés tentent, maladroitement, de nous convaincre. Certes, il y eu des tentatives heureuses mais limitées (1), certes il y a des tests statiques sur des tables de tortures, mais rien de cela n’est totalement convaincant dans la globalité.

A l’image du ski, produit de loisir et de compétition et aussi hautement tributaire de la technologie des matériaux, il serait nécessaire, outre la catégorisation (qui par ailleurs existe dans le VTT) d’identifier des critères qui permettraient de comparer plusieurs produits entre eux mais également de mesurer l’évolution dans le temps sur ces critères précis. Ainsi va nombres de domaines. Au degré de maturité qui est le sien, il est temps que le marché du vélo, à commencer par les constructeurs en premiers, comprennent ce besoin.

______________________
(1) On rappellera ici l’excellent test de roues publiés par rouesartisanales.com en 2005, 2006 et ensuite en 2008, mettant en lumière les bénéfices des roulements céramiques dès leur première apparition.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire