dimanche 25 octobre 2009

PEV : La couleur pourpre des Eaux-Vives


PEV, trois lettres que l’on pourrait interpréter comme les initiales d’un célèbre ethnologue et grand explorateur né à Genève. Que nenni ! Ce sont celles d’un club cycliste genevois qui peut aujourd’hui revendiquer plus de nonante printemps. Quant à Paul-Emile Victor, puisque c’est de lui dont il s’agit, il n’a jamais que je sache fait partie de la Pédale des Eaux-Vives.

La Neptune pour symbole

Très attaché à son quartier bordant la rive gauche du Petit-Lac, le club de la PEV a pris pour symboles la Neptune (1) et le violet (2). Tous deux sont issus des armoiries de la commune des Eaux-Vives. Ainsi flanqué du fameux voilier sur fond de violet, le péviste est facilement reconnaissable au sein du peloton et ne passe jamais inaperçu.

Une trajectoire pour histoire

A remonter le temps et l’histoire du club, on ne peut s'éviter de tomber sur les pépites qui ont jalonné la vie du club. Difficile d’être exhaustif, mais la vie du club des Eaux-Vives est intimement liée à celle de brillants coureurs genevois. A commencer par René Heimberg (les années 30), de Jean-Pierre Burtin et Jean Banderet (les années 40), de Willy Trepp et Francis Blanc (années 50 et 60), tous titrés sur routes, piste et terrains de cyclocross. Si les coureurs ne manquaient pas d’ambitions, les présidents ne cachaient pas les leurs en allant à la recherche de talents pour que brillent les couleurs de leur club.

La suite est encore fraîche dans nos mémoires. La PEV verra éclore de jeunes pousses qui deviendront de redoutables élites et professionnels : Alain Haldiman, Gilles Blaser, Siegfried Hekimi et plus récemment encore Bruno Boscardin et Frédéric Vifian dont les carrières sportives se sont arrêtées en début de la décennie actuelle.

Plus récemment, Richard Carriero, en formidable amateur qu’il a été, a porté haut les couleurs de la PEV pendant plusieurs années, surtout lorsque la route s’élevait. Dans son jardin de la piste, le sprinter Cédric Stoller a multiplié les performances, y compris sous les couleurs nationales.

2009, un titre de champion suisse et deux de champions romands

Aujourd’hui, la roue tourne encore à un bon régime. Comme celle de Benoit Beaud, jeune VTTiste qui n’hésite pas à aller se frotter aux élites lors des manches de la swisspower Cup. A 35 ans, Damien Grauser demeure maître ès Masters. Avec Andrea Genecand chez les Juniors, les deux sont allés chercher un titre de champion romand sur route (Orbe). Sur leur lancée et dans leur catégorie respective, nos deux lascars décidément très performants récidiveront avec un podium pour Damien aux Championnats suisses (Nyon) et un titre de champion suisse de la montagne pour Andrea (Montfaucon, JU).

Aux côtés de ces deux têtes de séries figurent nombres de coureurs, jeunes ou plus expérimentés, formant l’âme du club et qui paient régulièrement de leur personne sur tous les terrains d’expression que ce sport permet.

Elle a tourné encore favorablement en cette seconde partie d’année pour Gregory Ornon, triathlète expatrié deux mois sur le continent américain avec pour aboutissement l’Ironman Hawaii, il y a deux semaines de cela.

Elle aurait pu tourner plus vite pour Mickaël Jolti, 20 ans, qui n’a pas toujours obtenu les satisfactions attendues au terme de cette saison. A sa décharge, la catégorie U23 le met en confrontation avec des coureurs plus matures.

Retour aux sources

A son rôle de formateur, la PEV ne se dérobe pas, elle a même œuvré en pionnière de la chose. Avec la collaboration des services du Département de l’instruction publique, Damien Grauser, figure tutélaire du club, a initié et contribue encore aux mercredis du vélo. Sous la tutelle de Guy-Louis Zeltner, le club a créé « les Sources », un clin d’œil aux Eaux-Vives dans le but de se doter de sa propre école de cyclisme.

Ma petite entreprise

La gestion d’un club de plus de cent membres n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît au premier coup de pédale. Entre soutient à ses coureurs et organisations d’événements les missions d’un club cycliste sont multiples et diverses. Face à ces problématiques, la bonne attitude est certainement celle qui consiste à mitiger les bonnes pratiques de la petite entreprise et celles de la cohabitation des sensibilités au sein d’une grande famille.

Difficile aussi de répondre aux ambitions et vœux de chacun, mère club ne peut être partout à la fois. A ces problématiques récurrentes de gestion de club sportif s’ajoutent depuis peu les difficultés à trouver la manne qui fait vivre un club, à savoir l’argent public et surtout privé. Pour preuve, la PEV qui organisait encore il n’y a pas si longtemps le GP de Genève et le Tour du Canton a dû baisser pavillon face à de telles entreprises devenues trop risquées.

Un défi au temps

Apporter la bonne réponse au bon moment implique une agilité de gestion faisant passer toute stratégie au second plan. En s’engageant à s’investir davantage pour ses membres, le club entend aujourd’hui en priorité se recentrer sur sa base.

Dans un contexte laissant peu de liberté d’actions, le club doit cependant répondre aujourd’hui à l’émancipation de jeunes coureurs ambitieux qui désirent former un team amateur (3) pour 2010 et bénéficier de facilités supplémentaires leur permettant d’obtenir le sésame pour la catégorie élite.

Endurance et résistance sont les deux mamelles du sport cycliste ! A l’aune de son centenaire, ce sera pour 2014, gageons qu’à l’instar de leurs prédécesseurs Norbert Blanc et Serge de Siebenthal, le président Christian Collomb et son comité trouvent les ressources nécessaires pour maintenir un cap ambitieux. Une promesse faite au nom de la Neptune sa bonne étoile, mais aussi de sa déjà longue histoire et d’un sport que ce club n’a eu de cesse de respecter et de promouvoir. Alors, bon vent à la PEV !

Pour en savoir plus …

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(1) L’une des deux barques aux voiles latines encore en service sur le Léman.

(2) Les astrologues ont cherché à donner aux planètes des couleurs pour les distinguer, le violet ou le mauve sont attribués à Neptune.

(3) Andrea Genecand et Mickaël Jolti sont à l’origine de cette initiative.


samedi 24 octobre 2009

Sprint : Comme une pluie de goals


« On naît sprinter, on ne le devient pas ». Ainsi s’exprimait déjà Louis Darragon (1) dans sa chronique dans « Le Cyclisme » en 1912) sur les compétences requises pour le sprint.

Le sprint est l’ultime effort pour départager deux ou plus de coureurs pour la victoire. Il est aussi et surtout un feu d’artifice au terme d’un longue épreuve d’endurance. Dans l’abécédaire de son dernier ouvrage, Meli-Vélo, Paul Fournel donne la définition suivante :… Il faut une souplesse de chat et une force de taureau. Ils sont quelques-uns à partager ces capacités à chaque génération. »

Des qualités de force et d’adresse

Les qualités sont la vélocité, la puissance de démarrage (appelée également force explosive) et la force. L’amélioration des ces qualités passe par un entrainement spécifique dont la plupart des exercices se font à intensité maximale et donc en dette d’oxygène (source d’énergie anaérobie alactique). A ces aptitudes de forces pures on ajoutera que la vélocité exige une excellente coordination des mouvements et que celle-ci doit également faire l’objet d’entrainements par des exercices spécifiques.

Des stratégies à tiroirs

Il n’existe pas de stratégie unique tant le problème est complexe et les stratégies multiples. De plus, aucune tactique n’est bonne si la préparation n’a pas été effectuée avec lucidité. Cette préparation implique une excellente compréhension de tous les éléments qui conditionneront la réussite d’un tel exercice. Parmi ceux-ci figurent le type d’arrivée, la composition du groupe et les conditions météorologiques qui auront un effet sur le choix des braquets et la manière de déclencher son sprint.

En cas d’arrivée au terme d’une courte ligne droite, le sprinteur « long et puissant » virera en tête alors que le sprinteur « court » se fera emmener par un équipier ou prendra le sillage d’un adversaire en se plaçant en seconde ou troisième position au maximum. Inversement, en cas d’arrivée dégagée se situant au terme d’une longue ligne droite la placement n’est pas déterminant. Le plus important est de déterminer le moment où placer son effort. Le sprinteur puissant se dégagera en effectuant la manœuvre à 400 ou 500m de l’arrivée alors que le sprinteur véloce attendra les 100 ou 200 derniers mètres, maintenant l’incertitude jusque sur la ligne.

Oubliés ou mal aimés

A ceux qui s’émeuvent que le centre de gravité du cyclisme mondial se déplace de plus en plus en direction du monde anglo-saxon, on leur rétorquera qu’en favorisant uniquement la « culture des bosses », les nations traditionnelles en oublient certains fondamentaux, tel le sprint, grand rapporteur de victoires et de positionnement dans le gotha du cyclisme international.

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(1) Louis Darragon (1883-1918), excellent sprinter devenu coureur de demi-fond.
(2) Paul Fournel, écrivain cycliste, dont l’œuvre majeure est Besoin de vélo (2001).

mercredi 21 octobre 2009

VAUD : Patrie romande du cyclisme


En organisant au terme de la saison routière leur deuxième Critérium de Montreux, nos amis vaudois ont fait la démonstration de leur dynamisme et de leur capacité à pouvoir maintenir l’organisation d’événements cyclistes importants.

Est-ce la proximité du CMC (le Centre mondial du Cyclisme à Aigle), on peut le penser. On peut aussi voir que le canton de Vaud possède un grand nombre de clubs offrant par là la capacité à mobiliser ses forces autour de nombreux objectifs.

La Piste, le Cyclo-cross, le BMX, voilà rien que trois disciplines où les vaudois font la course en tête. Les 3 jours d’Aigle ont eu lieu dernièrement, mobilisant toutes les catégories, professionnels compris. Aigle est encore en ligne de mire pour son cyclocross international qui aura lieu au mois de novembre. Dans le domaine du BMX, le club d’Echichens est devenu le club de référence avec ses nombreux jeunes coureurs et un circuit à faire plein d’envieux.

Difficile d’être exhaustif. Au Tour du pays de Vaud, épreuve Juniors de plus en plus internationale et le Prix de Lausanne, course handicap ouverte à toutes les catégories, il faut ajouter l’organisation des championnats Romands (Orbe) et les championnats Suisses (Nyon).

En clôturant la saison des courses sur route avec le critérium de Montreux, on ne pouvait espérer mieux en cette fin d’après midi, un Léman illuminé d’un soleil couchant pour toile de fond.
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Photo (BikeInLove) : Claudio Imhof vainqueur du critérium Amateurs/Juniors sous ses habits de la saison 2010.

dimanche 18 octobre 2009

Cyclocross : On ouvre le ban


A Genève

Ici, point de cyclo-cross international, néanmoins le VC Lancy maintient sa tradition avec l’organisation de son Omnium de cyclocross sur 3 manches ouvert également au VTTistes. Pour convaincre le président Christian Favre à poursuivre cette tradition automnale genevoise, une présence massive serait le bienvenue.

... et ailleurs

Sur le plan national et international, je vous invite à suivre les actualités sur le site cyclocross.ch, site entièrement dédié à cette discipline. La première manche du calendrier international (Coupe du Monde UCI) s’est déroulée en Italie, à Trévise, avec pour meilleur résultat, la superbe 4ème place de Arnaud Grand (Montreux, Team Dom Cycle) chez les U23.

L'unique cyclocross international en terre romande

Rendez-vous à Aigle, le dimanche 15 novembre pour le cyclocross international d’Aigle (International C2), qui aura lieu à proximité du centre mondial du cyclisme (CMC).

Pour en savoir plus...

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Photo (Courtoisie de Team Dom Cycle/A. Grand) : Arnaud Grand.


samedi 17 octobre 2009

Carlos Coelho : Gentleman Coureur


« Le football est un jeu qui se joue à onze mais à la fin ce sont toujours les Allemands qui gagnent ». Cette maxime, dont l’origine est anglaise, a symbolisé la domination du football allemand pendant plus de 20 ans.

L’automne cycliste se régale de gentlemen permettant généralement d’associer deux coureurs complémentaires dont la finalité n’est pas le résultat à tout prix compte tenu des différences d’âge ou de niveau. Pour d’autres, l’épreuve se transforme en un Baracchi (1) version locale. A ce petit jeu, certains s’en sortent mieux que d’autres.

Un tigre dans le moteur

Associé depuis un certain temps avec José Morim, Carlos Coelho collectionne les victoires dans la catégorie, quand ce n’est pas tout simplement le scratch comme lors du Défi Boscardin, où la paire Coelho-Morim s’est offert le scalp des professionnels Laslo Bodrogi-Alexander Usov, rien que ça.

Aux dires de ceux qui l’on connu chez les amateurs, Carlos est plus fort que jamais. Doté d’une morphologie privilégiant les épreuves de force, il en use et en abuse (j’en sais quelque chose pour avoir été son ombre dans quelques-unes des gentlemen). Plus fin, dans un style plus fluide, José Morim est un complément solide. Les deux faisant la paire la plus efficace du moment, faisant tomber quasiment tous les meilleurs chronos des tabelles. Seul, Carlos Coelho n’en demeure pas moins d’une redoutable efficacité. Lors du dernier chrono de Douvaine, il ne fut battu par que par un 1ère catégorie (Nicolas Roux, Evian Vélo) et par l’un des meilleurs seniors français (Stéphane Wiand, UC Gessienne).

L’union fait la force, dit-on

Installés à Genève depuis quelques années, après une parenthèse espagnole, Carlos et son épouse Silvia ont repris à leurs anciens propriétaires un commerce de cycles sis à la rue de Lyon. D’un shop de cycles ordinaire, le couple Coelho ont en fait en peu de temps une enseigne de référence à Genève mais pas uniquement, car désormais très fréquentée par une clientèle internationale.

Apprenant très vite, Carlos a vite compris que l’évolution de son commerce et la pratique de sa passion n’étaient pas en contradiction. D’autres vélocistes l’ont fait avant lui, c’est certain et même très bien, Carlos lui a tombé le 11 dents en multipliant les entraînements et les courses allant jusqu’à créer un championnat interne dont les résultats sont disponibles le soir même sur les pages du site internet qui leur est consacré. Le noyau, petit au départ, est désormais formé d’une vingtaine d’individus qui certes ne sont pas tous des purs coursiers mais qui, trop contents de trouver une structure à leur convenance, n’arrêtent pas d’en redemander. La suite... il ne reste à Carlos plus qu’à formaliser sa structure pour en faire un club officiel, mais là, c’est la voix officielle qui s’exprime.

Il apprend vite et écoute ses clients

Pour en être des leurs, je dois avouer que lorsqu’il ne porte pas le cuissard, le vélociste Carlos ne manque ni de bons conseils, ni de compétences envers ses clients. Certains exigent même que leur vélo ne soit touché que par la main du maestro. En sachant prolonger les désirs et autres exigences de ses clients, il a pu consolider avec beaucoup d’à propos son catalogue de produits et sa propre expérience.

Acteur incontournable du PCG (paysage cycliste genevois), agissant dans plusieurs registres avec succès, on ne peut que lui souhaiter de garder le cap même si à la vue d'une telle razzia, le Gentleman Carlos s'est transformé en cambrioleur, il n'en reste pas moins coureur.

Pour en savoir plus : BOS Bikes Team

Photos : Courtoisie de BBT

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(1) Trophée Baracchi, ancienne épreuve internationale contre la montre disputée près de Bergame par équipes de deux. La paire D. Gisiger - S. Demierre l’ayant remporté en 1981.

mardi 13 octobre 2009

Fréjus, planète VTT : Aussi dur que le Roc


En proposants aux VTTistes de tous les horizons, de toutes les tendances, une sélection d’épreuves sportives à la mesure de chacun, le Roc d’Azur ne cesse d’augmenter son attractivité au point se faire appeler planète VTT.

On le croit très volontiers car c’est bien une pléthore d’épreuves qui jalonnent les 4 jours de la fin de la première semaine d’octobre sur le site de la base Nature située à l’ouest des villes jumelles de Fréjus et Saint Raphaël.

Le formidable succès du Roc est certainement lié à un site sans limite, à sa situation géographique favorable, à une organisation sans failles et à cette période de l’année où le changement de saison est synonyme de renouvellement des collections d’une industrie du cycle qui doit beaucoup au VTT.

Un concept pour l’éternité

En évolution continue depuis 25 ans, le Roc d’Azur n’oublie personne sur son passage. A commencer par des initiations proposées aux mômes dès l’âge de 4 ans. Plus de vingt épreuves sont proposées des kids aux masters en passant par les tandems mixtes, les catégories, juniors et espoirs dans leur version féminine ou masculine. Toutes avec ou sans classement mais toujours chronométrées. Ainsi les 15'000 inscrits se repartissent entre plus de vingt évènements avec pour final Le Roc d’Azur, épreuve phare prisée par les meilleurs bikers européens de cross country.

Le Roc d’Azur porte en son sein toute la genèse du mountain-bike avec ses pionniers qui ne pouvaient en aucun cas imaginer un tel développement. En maître d’une discipline devenue mythique, officialisée par l’olympisme, le Roc s’inscrit traditionnellement en apothéose de chacune des fins de saison.

Une telle grande messe ne serait être tenue sans des animations (shows de BMX, Dirt, Trail) et un salon avec plus de 200 exposants.

Le bonheur est dans les Maures

La Flûte, les Clapiers, Le Car Brulé, le col du Bougnon, le Chemin des douaniers, autant de noms mythiques à franchir dans l’arrière pays et le littoral entre Roquebrune et Fréjus. Si les paysages sont parfois à couper le souffle, on n’est gagné que par la fatigue mais jamais par la monotonie d’un parcours éprouvant qui ne vous concède aucun moment de répit. Entre ciel d’azur et terres d’ocre, le Roc dans son massif verdoyant des Maures a son avenir devant lui.


Photo (BikeInLove) : Christoph Sauser (Specialized), vainqueur à deux reprise du Roc et malheureux lors de cette dernière édition en perçant sur la plage de la Galiote à quelques encablures de l'arrivée alors qu'il menait la course.