samedi 31 mars 2012

Victoire et podiums pour Andreas Anderegg au Tour du Cameroun

En Afrique l’improvisation est roi

En Afrique, l’improvisation est souvent la règle. Habitué des déplacements sur le continent noir et certainement plus prévenu que quiconque, Jean-Jacques Loup en maitrise parfaitement toutes les arcanes pour mener à bien ses projets sportifs sur ce continent. Pour avoir répondu présent à de nombreuses reprises avec des coureurs suisses lors du Tour du Cameroun, généralement sous les couleurs d’un sponsor valaisan (Meubles Descartes à Saxon qui par ailleurs possède un enseigne sur place), une nouvelle sélection s’est alignée au dernier Tour du Cameroun, une course à étapes au calendrier UCI de l’Africa Tour et qui s’est déroulée la du 8 au 17 mars.

Pour Jean-Jacques Loup, jongler avec les premières difficultés a commencé avant le départ, au moment de constituer son effectif. Trois des coureurs initialement prévus dans la sélection suisse ont dû renoncer, dont les romands Guillaume Bourgeois, engagé depuis dans une nouvelle équipe professionnelle, et le Genevois Benoit Beaud, diminué à son retour de stage d’Espagne et encore en condition insuffisante au moment du départ. C’est donc avec quatre coureurs seulement, dont le Genevois Andreas Anderegg contacté à quelques jours du départ, que la formation suisse sous la direction de Jean-Jacques Loup s’alignera au départ de ce Tour du Cameroun 2012.

Un départ dans des conditions physiologiquement limites

Les organisateurs de cette épreuve en quête de reconnaissance internationale et désormais très contrôlée sur le plan sportif ont cependant tout intérêt à favoriser les destinées de leurs coureurs. En faisant disputer les premières étapes dans le nord désertique sous une température de plus de 45 degrés, les organisateurs créent des conditions extrêmes auxquelles le premier blanc bec venu n’est pas nécessairement aguerri. Après les deux premières étapes, un déplacement permettra au peloton de retrouver des zones plus tempérées et des conditions moins contraignantes pour les organismes.

Le quatuor suisses porté continuellement sur l’offensive

Même bien informés, nombre de coureurs seront piégés lors de la première étape, la bonne échappée se fera sans l’un des membres de la sélection suisse. Le classement final a donc été fortement influencé par la première étape dans laquelle les équipes africaines, Cameroun et Côte d’Ivoire réussirent à placer quelques uns de leurs meilleurs représentants au sommet de la hiérarchie. Mais la réaction viendra côté suisse dès la seconde étape avec deux podiums puis deux victoires pour le Jurassien Yves Mercier et le Genevois Andreas Anderegg, deux coureurs qui courent surtout en France (tous deux sont licenciés dans des équipes françaises). Au final, avec neuf places dans les cinq premiers des huit étapes, le bilan est extrêmement favorable pour les protégés de Jean-Jacques Loup.

Andreas Anderegg en redemande

A terme de cette 10ème édition du Tour du Cameroun, Jean-Jacques Loup tirait un bilan très positif sur tous les plans et en particulier sur l’excellent comportement des coureurs, malgré le coup manqué lors de la première étape. Avec au final Andreas Anderegg (7e), Yves Mercier (15e) et Friedrich Dahler (18e). Le jeune Vaudois Dylan Page, jusque là également bien placé avec une seconde place dans la 6e étape, devra abandonné suite à une chute sévère l’avant dernier jour.

Andreas Anderegg, membre de la PEV et expatrié dans l’équipe française de DN2 Charvieu-Chavagneux Isère Cyclisme (CCIC) confirmait le point de vue de son directeur sportif et rapporte lui aussi dans ses bagages un excellent souvenir de cette campagne au centre de l'Afrique au point de vouloir y retourner l’an prochain. Même si les déplacements lors des deux étapes de repos ont été passablement chaotiques, le logement précaire et la nourriture parfois insuffisante comme le relève Andreas, l’ambiance y est grandiose avec beaucoup de monde et pas seulement lors des arrivées, c’est leur Tour de France et la sportivité de l'épreuve ne peut être remise en cause. Et d’ajouter avec beaucoup de considérations que certains africains ont vraiment le niveau pour se joindre aux meilleurs élites européens, certains d’entre eux devraient rejoindre prochainement le CMC.

Une évaluation qui contrastait singulièrement avec celle reçue après une autre course disputée dans ce même Cameroun en septembre dernier, le Grand Prix Chantal Biya, nom de l’épouse du président, disputé à quelques jours des élections. C'est finalement de bonne augure pour le développement du cyclisme sur le continent africain. Victoire au classement général final du prometteur Camerounais Yves Ngué Ngock, 23 ans.

Photos (J-J Loup) : La sélection suisse et l'encadrement sous la bienveillance locale. Andreas Anderegg, maillot vert (classement aux points).


dimanche 25 mars 2012

Voyage d’Italie

A plus d’une heure du passage du peloton de Milan-San Remo, aucun Ape (1) en vue pour servir de guide et faire le tempo dans cette montée entamée de la Cipressa. Le bruit caractéristique de son deux temps mais surtout son allure sont propres à dynamiser n’importe quel tempérament dans cette douceur d’un temps printanier de fin d’après midi sur les bords de la Méditerranée. Qu’importe, l’appel du sommet et l’attente d’un peloton déchainé à moins de 25 km de l’arrivée nous suffit.

Rencontré par hasard quelques instants auparavant autour d’une table dans une petit café de San Lorenzo al Mare, l'Allemand Linus Gerdemann (Team RadioShack), absent du peloton pour cause de douleurs à une hanche se satisfera d’un panini écrémé après plus de 270 km parcourus seul dans l’anonymat avant de rejoindre ses frères de roues à San Remo.

De la côte ligurienne à celle de l’Adriatique, il n’y a qu’un pas que seule l’envie de faire une semaine de vélo entre la mer et les monts romagnols nous permet de franchir avec gaité.

Quelques jours seulement après la fin de la course des deux mers (Tirreno-Adriatico) et Milan-San Remo, la ville de Riccione qui jouxte la capitale balnéaire qu'est Rimini, est le centre névralgique d'une course à étape, la bien nommée Semaine internationale Coppi Bartali. Autour du podium de l'arrivée de la première étape comme autour du bar de l'hôtel, les occasions de rencontrer des personnalités sont multiples, à commencer par Andrea Bartali (2), fils de Gino, récemment sous les feux de l'actualité suite aux révélations de l'UCI sur les activités du campionissimo envers les juifs pendant la seconde guerre mondiale. Andrea qui a co-préfacé avec la fille de Fausto Coppi l'excellent livre Coppi & Bartali (3) a terminé un livre personnel sur la vie de son père et qui devrait être disponible très prochainement.

Unique suisse au départ de cette course, le jurassien Raymond Kuenzli, membre du team élite suisse EKZ Racing en 2011, courre désormais sous les couleurs de la nouvelle équipe professionnelle canadienne Team SpiderTech-C10 dirigée par l'ancien professionnel canadien Steve Bauer. Rencontré dans la petite ville de Gatteo après le chrono par équipe, le protégé de Paul Koechli avouait quelques problèmes en ce début de saison pour trouver la condition nécessaire à son nouveau statut.

Alors qu'il vient d'ouvrir les portes, l'hôtel Gambrinus de Riccione a fait le plein en ce milieu de semaine. Entre les huit coureurs et l'encadrement de l'équipe Team Ideal Conad, tous logés pendant les premiers jours de la Coppi-Bartali et le groupe de haut-valaisans du vélo-club de Susten venus en très grand nombre, l'ambiance est celle des trattoria italiennes. Le peak sera atteint à l'arrivée du jeune Andrea Palini, ovationné lors de son entrée dans la salle à manger de l'hôtel pour sa première victoire chez les pros lors de cette première étape. Une course qui verra un doublé d'un autre jeune et très prometteur italien, Diego Ulissi (classe 1989 tout comme Elia Viviani également présent), comme me le confirmera l'actuel directeur sportif du Team ISD Lampre, Roberto Damiani, également rencontré à l'hôtel.

Des fonds de vallées aux routes étroites qui relient les borghi posés sur les hauteurs des collines, l'arrière pays romagnol, aux confins des Marches et de la Toscane, regorge de possibilités en terme d'entrainement. En nous joignant aux groupes des haut-valaisans dont les plus forts sont en préparation de la prochaine patrouille des glaciers, Daniel et moi auront durant toute cette semaine de quoi échanger quelques belles parties de manivelles sur les pentes de San Leo, de San Marin, du Passo Grillo, de Villagrande avec ses champs encore couverts de neige et d'autres plus sèches comme celles de Tavoleto ou du bourg médiéval de Veruchio, et cela même si la forme actuelle ne nous autorisera pas à de très longues sorties comme cela l'a été par le passé.

Photo : En compagnie de Andrea Bartali.


(1) De marque Piaggio, l'Ape (abeille en italien) est un triporteur développé dans les années 50 et issu de la Vespa.
(2) Fils aîné de Gino Bartali et président de la Fondation Onlus Gino Bartali.
(3) Coppi & Bartali par Gian Paolo Ormezzano, Editions San Paolo (italien uniquement).