mercredi 4 avril 2012

Adieu Bobby, noble et bienfaisant Hidalgo

Véritable forteresse vivante, Bobby compensait un physique taillé dans le granit par l’élégance d’une amabilité sans faille, notamment envers chacun de ses clients. A chacun, il savait trouver les mots, pour le moins lors d’un au revoir. Un savoir faire qu’il élevait sous forme de culte, vraisemblablement appris de ses origines cantabriques.

Pour avoir foulé sa terre natale de Cantabrie, notamment la ville de San Vincente de la Barquera qui exhibe en retrait du front de mer un pont d’une rare beauté, la région était devenue un sujet de conversation fréquent. Coincée entre le Pays basque à l’est et les Asturies à l’ouest, l’Atlantique et les massifs aux neiges quasi éternelles des Picos de Europa, la Cantabrie est certainement la moins connue des régions du nord de l’Espagne mais ne manque pas pour autant de charme. Bobby en avait gardé des attaches, des amis et un pied à terre qu’il ne tarda pas à me proposer pour vacances alors que nous avions, à ce moment là, à peine fait connaissance.

Homme engagé, véritable militant au service d’un cyclisme du plus grand nombre, Bobby avait construit autour du nom de son restaurant « La Colombe » une identification suffisamment forte que le succès des rendez-vous du dimanche matin ne démentit jamais. Une démarche personnelle dont le trait commun était celui d’une amitié bien réelle ; des rendez-vous auxquels il n’hésitait pas à participer en certaines occasions. Triste bitume où devoir poser sa roue, nombreux sont ceux qui désormais vont se retrouver orphelins.

Le cyclisme, il le connaissait au travers de ses relations et de ses affinités avec les coureurs et les directeurs sportifs des équipes espagnoles qui forment le peloton professionnel, et cela depuis l’ère Indurain. Parfois chahuté par des discussions de café à propos des « affaires » qui viennent trop souvent se substituer à l’actualité sportive, il savait étonnamment garder la retenue qui s’impose. Ami personnel de l’ancien patron de la célèbre équipe Once d’alors (tous deux ont usé les même bancs d'école de San Vincente de la Barquera) et de nombreux autres coureurs de la péninsule, Bobby conservera fidèlement, en restant au dessus de la mêlée, le sens de l’amitié. Pour preuve, contacté en ce début d’année il n'hésita pas à me fournir des coordonnées au service de l’un de nos élites romands à la recherche d’une équipe de niveau Continental.

Savoir qu’il n’est plus est aussi cruel qu’injuste. La cruauté des faits n’a d’égal que la soudaineté et la lâcheté d’une atteinte physique sans sursis. Injuste parce simplement insupportable.


Photo : Pablo Picasso, vol de la colombe

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