dimanche 7 juillet 2013

Pourquoi se mettre la tête dans le sable ?

L'hystérie qui s'est emparé de certains suite à la révélation d'information issues du rapport de la commission sénatoriale française sur le dopage quelques jours avant le Tour de France au point d'utiliser les réseaux sociaux pour monter aux barricades et inciter au boycott du quotidien phare du paysage sportif français, prend parfois une tournure pathétique.

Il y a longtemps que l'Equipe n'en fait qu'à sa tête. Une situation facilitée par sa position de monopole. Il est également vrai que le cyclisme n'est pas (n'est plus) traité par ce quotidien comme un sport majeur - alors qu'il l'est. La seule exception est le Tour - ou plutôt les courses organisées ou sous le contrôle du groupe ASO. Et pour cause, puisque celui-ci est dans le giron du groupe ASO.

Pour ma part, fidèle lecteur durant plusieurs décennies, j'ai également jeté l'éponge en l'ignorant purement et simplement à de rares exceptions. Si l'Equipe a été un grand quotidien sous la plume d'illustres reporters et journalistes, je ne citerai que ces trois là, Pierre Chany, Philippe Brunel ou encore Pierre Ballester, elle ne l'est plus aujourd'hui. Cela dit, c'est donc un faux procès qui est fait au journal. Les révélations de l'Equipe auraient de toute façon été faites à un moment ou à un autre dans la foulée des travaux de la commission parlementaire.

Maintenant, c'est un peu le paradoxe de cette histoire, il faut savoir que les journalistes de l'Equipe ont été priés (dixit la direction) de mettre en veilleuse tout sujet sur le dopage pouvant porter préjudice au Tour, sujet brulant lorsqu'il a été question du retour d'Armstrong en 2009. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à le demander à ceux qui connaissent le sujet et pour tous les autres, il y a ou les déclarations et le livre de David Garcia ("La face cachée de l'Equipe"). Si sur le plan éthique on peut s'étonner d'une telle censure, sur le plan économique on peut le comprendre car pour rappel, le Tour est la "vache à lait du groupe ASO" (la citation n'est pas de moi).

Dans ce contexte de consanguinité entre ceux qui font de l'information et ceux qui défendent le Tour, il ne doit pas toujours faire bon être journaliste à l'Equipe. Certains doivent s'étrangler quand d'autres doivent faire le grand écart jusqu'à se déchirer le pantalon. D'ailleurs, les journalistes d'investigation sont devenus muets ou inexistants, même si Damien Ressiot, caution morale du cyclisme à l'Equipe à le droit à la tribune.

Où la défense de Laurent Jalabert est justifiable - et cela a été largement dit -, tout le peloton ou presque bénéficiait d'aides thérapeutiques. Mais attendons, il ne devrait pas être le seul. Cependant, à ceux qui crient à l'injustice, on leur rétorquera que d'autres ont payé et même très cher. Alors qu'il était émigré en Espagne, il continuait à bénéficier d'avantages que d'autres en France ou ailleurs ne disposaient plus dans les années dites du renouveau. 

Enfin, Laurent Jalabert avait tout loisir de dire la vérité lors de l'entretien qu'il a eut avec les responsables de la commission sénatoriale. Le meilleur dans tout cela, c'est que la nouvelle génération comprend que tout finit par ce savoir et que le pas vu pas pris n'est plus la règle en vigueur. A ménager la chèvre et le choux, on finit par se faire bouffer par le loup.