lundi 25 juin 2012

Bernard Vifian : Stoppé en plein vol


Auréolé d’une courte mais brillante carrière sportive qui le vit très vite fréquenter les sommets de la hiérarchie professionnelle, entre 1967 et 1971, avec des participations et des classements enviés dans grands tours nationaux, Tour de Suisse, de France et d’Italie. Bernard Vifian participa également à plusieurs reprises aux Championnats du Monde. Une période faste qui le vit courir sous des couleurs françaises (Frimatic-De Gribaldy), équipe dirigée par Jean de De Gribaldy, italiennes (Zimba-GBC) dont le leader était un certain Rudi Altig et suisses (Ovaphil-Bonanza). Si à cette époque Merckx avait commencé à marquer les esprits, les principaux chefs de meutes s’appelaient De Vlaeminck (Erik et Roger), Gimondi, Ocana, Agostinho, Poulidor, Pingeon, Zoetemelk, j'en oublie.

Titrés chez les Amateurs en poursuite (champion suisse en 1966 et 1967), Bernard Vifian a la force en lui qui le voit embrasser sans attendre (on ne parlait pas de catégorie Espoirs à cette époque) la carrière professionnelle alors qu’il n’a pas encore 23 ans. Avec une formidable et prometteuse troisième place au Tour de Suisse cette même année, il est engagé pour disputer son premier tour de France qu’il terminera à la 73e place. Les principaux faits d’armes resteront certainement cette troisième place au classement général final de notre tour national en 1969 (vainqueur Vittorio Adorni) et une 22e au Tour de France l’année suivante.

Pendant près de quatre décennies, il dirigea d’une patte de velours un commerce où le client était roi, le conseil avisé et le vélo chéri. Recherchant à satisfaire mais aussi à séduire une clientèle de plus en plus avisée, l’expert Vifian a toujours su trouver le bon ton, prioriser la qualité de la relation et adapter le conseil pour valoriser le choix du client. Qui n’a pas acheté un jour ou l’autre un vélo estampillé du célèbre logo rouge ! Mais le succès le plus durable, il le trouva certainement parmi sa troupe d’amis, les Vifianos, avec qui il partagea le meilleur lors des nombreux tours cyclistes, visitant tout le continent, et même le Maroc. Des amis qui aujourd’hui ont perdu leur père spirituel.

Retiré des affaires depuis un plus d’un an, Bernard Vifian terminait avec un succès enviable une seconde étape de vie. En de bonne main, le label Vifian pouvait continuer à flotter sur le paysage cycliste genevois et régional.

Atteint de plein fouet, spolié par une injustice manifeste, la trajectoire de Bernard a été stoppée nette, privant celui-ci du privilège d’un troisième acte ô combien mérité. Pour sa famille et ses proches, de savoir qu’il était aimé et apprécié de tous n’est certainement pas une consolation, mais néanmoins la source d’une grande fierté.


Photo © Jean-Marie Letailleur (Mémoire du cyclisme) : collection personnelle