mardi 24 juillet 2012

Wiggins est grand

Dauphiné Libéré 2012
Pas seulement pour son mètre nonante (quatre-vingt-dix), mais pour bien raisons, dont il vaut la peine d’en énumérer quelques unes. Oui, à 32 ans, Bradley Wiggins est grand. Dans les faits, l'Anglais devient le premier coureur à remporter quatre courses par étapes dans une seule saison s'empare logiquement de la tête du classement UCI. Ce premier succès dans le Tour de France intervient seulement quelques semaines après les victoires à Paris-Nice, au Tour de Romandie et lors du Critérium du Dauphiné.

Wiggins est grand parce qu’il a, avec l’aide de son équipe, apporté la confirmation que « le cyclisme est un sport individuel qui se pratique en équipe ». Les Sky (que certains n’ont pas hésité à baptiser la « Royal Sky Force ») ont donné une formidable leçon de rigueur, de discipline et d’efficacité et par là, rendant au sport cycliste des lettres de noblesse que les va-t-en-guerre ont oublié. Si les vert-et-blanc (Liquigas-Cannondale) et les rouge-et-noirs (BMC) l’ont bien compris et en ont fait parfois la démonstration, force est de constater que, majoritairement, tous les autres ont agit, par opportunité ou par nécessité, en francs tireurs. A ce jeu, il n’est plus possible de revendiquer les premières places du classement général d’un grand Tour. Seuls les accessits et les étapes restent accessibles. Pour battre Bradley Wiggins sur ce Tour de France, il eut peut-être fallut que ses meilleurs contradicteurs, Evans, Vangarderen, Van den Broecke et Nibali fussent dans la même équipe.

Wiggins est grand parce qu’il n'a pas oublié que la volonté, le travail et la persévérence sont l’une des clés de la réussite, en sport comme ailleurs. Hors de cette vérité, point de salut. Une prometteuse 4e place dans le Tour 2009 avec l’équipe Garmin (année du retour d’Armstrong à la compétition) viendra le persuader de ses capacités pour les courses à étapes. Après une première année chez Sky en 2010 avec des résultats en retrait (un titre de champion national dans le CLM), 2011 doit être son année. Avec un très bon Paris-Nice en début de saison et une victoire dans le Dauphiné, il doit cependant déchanter suite à une chute lors de la 7e étape. Clavicule fracturée, Wiggins doit abandonner. Le rebond aura lieu quelques mois plus tard avec un podium au Tour d’Espagne.

Le discours de la méthode

Alors que les « traditionnels » haussaient les épaules lorsque les sujets de la couronne britannique annonçaient en 2010 pouvoir remporter le Tour dans un délai de quelques années, ces derniers mettaient en œuvre des programmes performants à l’attention de ses meilleurs éléments à Manchester où Wiggins, Cavendish et les autres en tiraient les plus grands bénéfices.

En réalisant avec succès le transfert de la piste à la route, British Cycling sous la direction sportive de David Brailsford et le soutien d’un sponsor inconditionnel, confirme ce qui divise encore le milieu : le cyclisme sur piste est un formidable laboratoire mais aussi et surtout un révélateur de talents grâce aux disciplines d’endurance et à la poursuite. Faut-il le rappeler, le réveil anglais a sonné après les formidables résultats obtenus sur la piste de Pékin lors des derniers Jeux avec pas moins de huit médailles d’or. Un réveil qui aujourd’hui sonne à l’unisson avec la vague anglo-saxonne qui ne cesse de croître.

Wiggins, le patient anglais

Avec deux médailles olympiques du plus beau métal, Bradley Wiggins savait qu’il prenait de l’avance sur les autres. Aujourd’hui, grandi grâce cette victoire qui ne doit rien au hasard, l'Anglais peut mesurer le chemin parcouru depuis ses 12 ans où il fréquentait un vélodrome au sud de Londres, encouragé par son père, ancien six-dayman. Bradley Wiggins est grand et avec lui c’est tout le cyclisme qui fait un pas en avant.

1 commentaire:

  1. Joli texte et tres bien documente. Felicitations William!
    Avec mes meilleures salutations sportives d'Amerique.
    Olivier Boss

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