mardi 6 juillet 2010

Quoi de neuf docteur ?


Moi je l’aime beaucoup Jean-Pierre de Mondenard (1). Je l’apprécie surtout lorsqu’il fustige le dopage, ce mal qui gangrène le sport d’élite et le cyclisme en particulier. Spécialiste reconnu des affaires de dopage, le Dr Jean-Pierre de Mondenard connaît parfaitement le cyclisme (il a été médecin du Tour de France) comme il connaît ses dossiers. Son avant dernier ouvrage publié il y a douze mois traitait de l’imposture à laquelle nous sommes confrontés. Au centre de cette analyse, l’emblématique « LA » reprenant du service sur le Tour 2009.

Interviewé sur les ondes de RSR à la veille du Tour 2010, Jean-Pierre de Mondenard reste fidèle à ce qu’il dénonce depuis si longtemps, expliquant qu’au chapitre du dopage rien n’avait changé. Tricherie pour tricherie, de l’homme à la machine, la transition est vite faite dans ce jeu de questions réponses matinal et notre invité en appelle à la raison en invoquant le Tour de 1930 en référence, année qui a vu l’introduction de changements drastiques.

Evoquant cette période pour remédier au mal actuel, c’est un peu aller vite dans une démonstration qu’il est difficile à suivre. Jean-Pierre de Mondenard ne peut pas ne pas savoir que l’introduction des équipes nationales et des vélos uniques en 1930 faisait suite à plusieurs années da galère pour le directeur d’alors, Henri Desgrange (2). Les ententes illicites et les combines étaient monnaie courante ; les grandes équipes, Alcyon en tête, imposaient une véritable dictature envers les plus faibles quand ils ne les achetaient pas ouvertement. Tout cela entachait les victoires, comme les défaites. C’est donc au terme d’un tour 1929, encore une fois marqué par l’attitude et la trop grande influence des constructeurs de cycles, qu’Henri Desgrange, lassé, décida d’une rupture de portée historique. Aujourd’hui rien de semblable, le cyclisme est structuré et les organisateurs ne sont pas dépassés.

En ne donnant pas sa confiance aux organismes sportifs, Jean-Pierre de Mondenard quitte le terrain historique pour celui des institutions, de celles qui ont la responsabilité de leur discipline. Certains lui rappelleront que la société civile n’est pas non plus exempte de déviances. Le sport fait moins rêver, certes, mais il reste encore et toujours attractif pour les plus jeunes, il est aussi une discipline de vie et pour la vie ; alors laissons le sport se réguler par ses propres institutions, sa crédibilité est à ce prix. Personne n’est dupe.

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(1) Jean-Pierre de Mondenard est l’auteur de nombreux ouvrages, dont "Le Dictionnaire du dopage" (2004) et "La grande imposture" (2009). Il publie aujourd'hui "36 histoires du Tour de France, Dopage, sexe, truquages. La vérité rétablie !"

(2) Rédacteur en chef du journal l’Auto, Henri Desgrange est le père du Tour de France, il en a été le responsable jusqu’en 1936.


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