lundi 1 juin 2009

Zoom sur l’homme-machine


A observer certaines images que les transmissions télévisées peuvent transporter sur nos petits et maintenant grands écrans, il faut s’en réjouir. Par leur qualité, celles du dernier Giro ont illuminé notre regard et, pour nombre d’entre nous, marqué nos rétines pour un certain temps.

Hommage aux cadreurs

Par leur regard avisé, les cadreurs (c’est comme ça qu’on les appelle) et la réalisation ont su capter des scènes de pure magie et par delà de grands moments d’émotion. L’ascension du Vésuve lors du final de l’antépénultième étape fut de ce point de vue (si j’ose dire) un modèle de chef d’œuvre télévisuel. A commencer par ces vues croisées saisissant la tension extrême chez les hommes au sein d’un peloton comme pris de convulsions à l’approche d’un moment hautement crucial. Alternant gros plans et vues d’ensemble, cette opéra pouvait, sous nos yeux, délivrer sa dramaturgie en direct avec en toile de fond, la baie de Naples et son célèbre volcan, pour un dernier acte sous l’œil des Titans.

Créature Homérique

Qu’on se le dise, nous ne sommes pas dans le cas d’un homme posé sur sa machine, mais bien d’un homme faisant corps avec elle pour une fusion intemporelle et certainement indépassable. Toute la magie provenant de la force humaine décuplée par la machine.

Dans son « Iliade », les géniteurs de la bicyclette n’ont jamais caché leur ambition et l’objectif à atteindre. Qu’une fois enfourchée, leur progéniture permette à l’homme de dépasser la vitesse du cheval au gallot, étalon en matière de vitesse domestiquée. Le vélo pour prolongation de l’homme.

Est-ce là la projection d’un fantasme mais lorsqu’il est pratiqué à ce niveau de perfection, comme nous l’ont montré les récentes images du Giro, le cycliste véhicule l’image d’un centaure moderne. Non pas de demi-créatures mais d’une créature supérieure, celle formée du couple homme-machine le plus abouti et osons le dire, de la machine humaine parfaite.

Un œil averti en vaut la peine

Pour preuve, on ne trompe un œil averti, au moindre dérèglement, l’on s’en aperçoit immédiatement, avec comme conséquence, la perte inévitable de rendement. L’œil averti et critique verra aussi que le positionnement de certains est encore perfectible. Mais lorsque la perfection est au rendez-vous, le souffle de l’effort joint à l’esthétique du mouvement, la machine humaine produit ce qu’elle a de plus beau. Le cyclisme est centenaire, certes, mais il a assurément de beaux jours devant lui.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire